Église abbatiale Sainte-Anne de Kergonan
1 rue de l’abbaye Sainte-Anne – Plouharnel
Datation : abbaye fondée au 19e siècle, église construite au 20e siècle.
L’église abbatiale est dédiée à sainte Anne, mère de Marie, grand-mère de Jésus et patronne de la Bretagne.
L’édifice moderne a été construit dans la deuxième moitié du XXe siècle. Centre de la vie du monastère, la communauté s’y réunit sept fois par jour pour prier et chanter.
Un peu d’histoire
La fondation
L’abbaye naît du souhait de monseigneur Jean-Marie Bécel, évêque de Vannes, et de dom Paul Delatte, abbé de l’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Solesmes (Sarthes).
En 1897, dix moines s’installent dans le monastère construit par l’architecte Joseph Caubert de Cléry, sur les terres de l’ancienne seigneurie de Kergonan.
Des débuts mouvementés
Durant la première moitié du XXe siècle, les moines sont contraints de vivre 23 ans en dehors de leur abbaye dans cinq lieux différents. Exilés en Belgique, suite à la loi anticléricale du 1er juillet 1901, ils y resteront jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. La Seconde Guerre mondiale les oblige à un nouvel exil jusqu’en 1947.
Nouvelle église
Au milieu du XXe siècle, la chapelle aménagée dans le monastère est devenue insuffisante pour accueillir les nombreux fidèles. Sous l’impulsion du père abbé don Marcel Blazy, la nouvelle église est bâtie entre 1968 et 1972 par Guy Caubert de Cléry, le fils de l’architecte qui avait construit le monastère.
Elle est consacrée le 4 octobre 1975 par monseigneur Pierre Auguste Boussard, évêque de Vannes, en présence de tous les abbés de Bretagne.
Construction moderne
L’édifice moderne, de style néo-roman, est une vaste construction de granite et d’ardoises, surmontée d’une pyramide lanterne qui crée un puits de lumière, comme à l’église de Caudan construite peu avant. D’après les dessins de dom Loïc Le Henaff, artiste de l’abbaye, son architecture s’inspire de celle des greniers à sel des marais salants locaux, constructions trapues aux murs obliques.
Contemporaine, l’église marque une transition avec le gigantisme du monastère primitif, auquel elle est reliée par une aile qui s’appuie sur la tour des cloches.
Description de l’église
À l’intérieur, la lumière naturelle met en valeur le maître autel.
Une certaine symétrie se dégage de ses lignes géométriques, rythmées par la succession de fermes.
Le béton brut apparent des fermes et du mur du chevet se mêle aux matériaux traditionnels et à ses tonalités plus chaudes.
L’aménagement du sanctuaire et des autels a été réalisé par dom Henri de Laborde (1895-1973), artiste moine de Solesmes, tandis que les autres éléments de décor ont été confiés à Claude Gruer (1923-2013), sculpteur à Solesmes, et dom Paul Le Corre (1895-1984).
L’église se compose de trois espaces :
- Le sanctuaire centré sur l’autel est surmonté de la pyramide-lanterne qui l’éclaire.
- Le choeur des moines avec ses quarante stalles est délimité par la table de communion. C’est dans cet espace que se tient la communauté pendant la messe et les offices quotidiens.
- La nef des fidèles est légèrement en pente pour assurer une bonne visibilité.
Les mobiliers et ornements
Les vitraux
Majoritairement non figuratifs, ils sont composés de verres de formes et de couleurs diverses.
Au-dessus du grand portail Ouest, les vitraux illustrent sainte Anne et sa fille Marie, entourées de deux ancêtres du Christ : le roi David et sa harpe, le pèlerin Abraham avec son bâton.
Réalisés par Maurice Rocher (1918-1995).
L’artiste peintre expressionniste a conçu les vitraux de nombreux édifices religieux, notamment dans le cadre de la Reconstruction.
La croix
Jésus crucifié est surmonté de la main du Père qui bénit et de la colombe du
Saint-Esprit. L’ensemble forme la Trinité. Au pied, la coupe eucharistique recueille son sang. Les bras de la croix s’ornent du soleil et de la lune, symboles de la création.
Bois polychrome, XXe siècle.
Réalisé par dom Henri de Laborde, artiste moine de Solesmes.
L’orgue baroque
L’instrument de 28 jeux sur trois claviers et pédaliers accompagne la liturgie monastique grégorienne. Il a été inauguré le 25 septembre 2016 par
Florence Rousseau et Loïc Georgeault, parrains de l’orgue.
Réalisé entre 2014 et 2016 par le facteur Jean-François Dupont, de Douvres-la-Délivrande dans le Calvados, d’après les plans du buffet dessinés par l’architecte Henri Hémon.
Sainte Anne trinitaire
Acquise par la communauté auprès d’un antiquaire à Bruxelles, durant leur exil en Belgique, et bénite le 18 août 1903, elle illustre la sainte parenté. Sainte Anne porte sur ses genoux sa fille Marie et son petit fils Jésus enfant.
Bois, XVIe siècle. Attribuée aux ateliers Rhénans. Classée Monument historique.
Chapelle du Saint Sacrement
Sur l’autel est exposé le tabernacle, petite armoire contenant la réserve eucharistique.
- La sculpture de la Cène en terre cuite sert de retable. Elle représente le dernier repas du Christ entouré de 11 apôtres en l’absence de Juda.
L’oeuvre a été réalisée par Claude Gruer, sculpteur à Solesmes, et son épouse Marie-Madeleine, chargée de la polychromie de ses oeuvres.
- Les trois vitraux représentent l’assomption de la Vierge entourée d’anges ailés.
- La lampe rouge du sanctuaire, lumière du saint sacrement, signale la présence du Christ dans le pain consacré contenu dans le tabernacle.
Sainte Anne
Grand-mère de Jésus et des bretons.
Au Ier siècle, femme juive de l’Ancien Testament, Anne lit les écrits des prophètes espérant la venue du messie en la personne de Jésus-Christ. Elle enseigne ce message à sa fille
Marie. C’est pourquoi, elle est très souvent représentée avec elle, un livre en main.
L’iconographie de sainte Anne trinitaire l’associe à la Vierge Marie, sa fille, et à l’Enfant Jésus, son petit-fils. La statue présente dans l’église montre Jésus enfant qui désigne les passages du Livre des Écritures qui évoquent sa vie. Témoignant du profond attachement des bretons à la sainte, le Pape Pie X la déclare patronne de la Bretagne en 1914.
Joseph et Guy Caubert de Cléry
Père et fils au chevet de l’abbaye de Kergonan
Des liens familiaux lient les deux architectes aux abbayes bénédictines de Solesmes.
Joseph Caubert de Cléry (1862-1944) est formé par Jules Mellet, architecte à Rennes devenu moine à l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Ils travaillent ensemble sur le chantier d’extension de cette abbaye. Dans les années 1890, il est missionné en Bretagne par dom Paul Delatte, père abbé de Solesmes, pour construire les monastères Sainte-Anne et Saint- Michel de Kergonan.
Installé à Vannes, il exerce son métier jusqu’en 1930, puis il transmet le cabinet à son fils Guy.
Formé à l’école des Beaux-Arts de Paris, Guy Caubert de Cléry (1903-1994) occupe le poste d’architecte départemental du Morbihan avant de devenir architecte diocésain.
Architectes officiels du diocèse pendant plus d’un demi-siècle, Joseph et Guy Caubert de Cléry ont construit plusieurs églises. Le fils a réalisé l’église Charles de Bois au quartier de la gare à Auray.