Eglise Saint-Cornély

Carnac

 Eglise Saint-Cornély
Carnac

Datation : Fin 14e s, début 15 e s, 17e s, 18e et 19e s.
Protection : classée Monument historique
Pardon : 2e dimanche de septembre.
Ouverture : Toute l’année
Saint patron : Cornélius (latin), Corneille (français) Cornély ou Sant Corneli (breton)
Pape en 251, il meurt en 253. Prise de position en faveur du pardon vis-à-vis des « lapsi » (chrétiens qui avaient renié leur foi face à la peur des persécutions).
Son culte se développe dans l’église dès la fin du 4e siècle ; il figure déjà dans le canon romain (grande prière liturgique dont l’existence est attestée dès 390) avec Sixte et Cyprien (évêque de Carthage).
Il est fêté principalement dans le sud de la Bretagne comme saint protecteur des bêtes à cornes. Son culte prend une grande ampleur au 17e s après la contre-réforme, principalement à Carnac où se tiendra le pèlerinage le plus important du Morbihan voir au-delà.

Tradition
Légende de Saint Cornély remontant au 17e s longtemps popularisée par les enfants : le saint, poursuivi par les légions romaines,
transforme celles-ci, après un long périple, en alignements de menhirs.

Histoire
Église construite fin 14e – début 15e.
Restaurée et agrandie une première fois entre 1639 et 1659 présentant une forme de croix latine.
Transformation des transepts en 1667 pour répondre aux souhaits des deux confréries nouvellement crées à la suite des décisions du concile de Trente : celle du Saint Sacrement au nord et celle du Rosaire au sud.
En 1670 il est décidé la construction dans le choeur d’un majestueux retable lavallois dédié à saint Cornély. On fera alors appel à un maître charpentier-sculpteur réputé – qui a beaucoup construit dans la région – Olivier Martinet originaire de Laval qui sera secondé par Guérin.
En 1680, il est décidé de bâtir dans l’esprit insufflé par le Concile de Trente, deux nouveaux retables au-dessus des autels latéraux en granit : l’un dédié à saint Isidore, l’autre à saint Jean Baptiste. Ces derniers sont réalisés par les mêmes sculpteurs-architectes.
Enfin, de 1684 à 1687, d’importants travaux sont entrepris. On abat les murs de la nef pour les remplacer par des piliers, ainsi que ceux de chaque transept pour créer deux grandes nefs latérales.
Ceux-ci seront prolongées en 1685 et 1686 par des chapelles à trois pans dont l’une au nord-ouest pour y accueillir les fonds baptismaux, ainsi que l’harmonieux porche sud. Pose d’un dallage dans les nefs.
L’église présente la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.
Tous ces travaux furent financés en grande partie par l’argent provenant du grand pardon de saint Cornély qui se déroulait pendant une semaine. S’y sont ajoutés des fonds récoltés par les membres des deux confréries. Les fonds récoltés étaient gérés par des laïcs appelés procureurs ou fabriciens, au nombre de 17, groupés sous le nom de Général de la paroisse avec pour membre de droit : le sénéchal ou le procureur du roi et le recteur.
En 1710 : les deux confréries demandent à l’architecte Olivier Gravay de bâtir pour chacune d’elles deux nouveaux retables : Un dédié à la confrérie du Saint-Sacrement, l’autre à celle du Rosaire.
En 1717 : une voute en lambris de sapin est posée.
1730- 1732 : décision est prise de peindre les lambris.
Chantier, important avec pose d’échafaudages, pour réaliser cette surface peinte de 750 m2. Si plusieurs peintres sont intervenus, la plus grande partie de la voûte est due aux peintres pontiviens Jean-Baptiste Le Corre et son fils Martin. Tous les deux signent leurs oeuvres de « Dupont »
1756 : Marin Le Corre remplace le tableau qu’il avait fait au grand-autel à la gloire de saint Corneille par celui de l’Assomption de la Vierge.
1783 : mise en place du maître-autel en marbre.
1783 le 13/07 : commande de la chaire à prêcher auprès du maître-serrurier Eustache Roussin.
En 1792 : sera édifié la monumentale entrée du porche nord qui allie un ordre toscan, très académique, à un couronnement baroque, baldaquin de pierre à volutes, pot à feu. Travail fait selon les plans de l’abbé Noury, recteur de la paroisse de Bignan, par le sculpteur Kergoustin.
1806 : commande de la clôture du choeur à V. Crabot, forgeron, à Locmariaquer. Grille du choeur en er forgé haute de 2,20 mètres avec monogrammes sur les portes latérales.
1819 : une grille basse et signée J.V.L. détermine autour du pilier un espace consacré au buste reliquaire de Saint Cornély.
1850 : ajout de vitraux en façade par Charles Maréchal et son atelier ainsi que dans les nefs Nord et Sud par le maître verrier Julien Lobin.
1872 : installation des orgues. Cet instrument daté de 1775 est l’oeuvre de Florentin Grimond. Ces orgues ont été rachetés à la basilique de Sainte -Anne d’Auray au moment de sa reconstruction.

Architecture :
En forme de croix latine de Style baroque. Dans le choeur, présence d’une rangée d’abouts de poinçons du 15e s. représentant outre la tête du Christ, celles d’Henri Cado et sa femme pour leur droit de prééminence sur l’église accordé par la seigneurie de Rohan.
Clocher de 1639 se termine par une flèche pyramidale.
Voutes lambrissées peintes
Le Porche nord de 1792 et son couronnement baroque ;
Quant au porche sud il présente une voûte peinte avec présence du tétramorphe, ainsi que face à la sortie une peinture qui représente Marie Madeleine, tenant un vase de parfum, à proximité d’un crâne. Symbolique forte car de ce côté se tenait le cimetière.
À l’extérieur, on voit encore trace de l’ancien placître et présence des bornes qui délimitaient autrefois la juridiction du recteur.

Le mobilier et le décor : conçus en application des décisions du Concile de Trente (1545 à 1563)
Le choeur :
Maître autel de forme tombeau en marbre posé en 1782 ; il provient sans doute de l’abbaye de Saint-Gildas de Rhuys.
Au-dessus une prédelle qui encadre le nouveau « meuble » qu’est, à cette époque, le tabernacle (lieu de la Présence eucharistique).
Celui-ci est en marbre et sur sa porte est représentée l’allégorie de la Foi. Au-dessus, l’agneau pascal allongé sur le livre des écritures, le tout surmonté d’un décor en forme d’ostensoir.
Le retable lavallois réalisé en 1656 par Olivier Martinet secondé par Michel Guérin (classé M.H.) : 4 colonnes corinthiennes en marbre rouge de Sablé, un décor en staff, guirlandes et cornes d’abondance emplies de fleurs et de fruits. Saint Cornély est représenté en Pape dans la tenue du 18e s.
Des colonnes encadrent le grand tableau de l’Assomption de la Vierge peint par Martin Le Corre en 1756 (inspiré d’une peinture du Titien, de l’église des Frari à Venise).

Les peintures des Lambris
Au plafond peintures représentant la vie de St. Corneille en huit tableaux dont l’exécution est à attribuer à Joseph GALMAY de Limoléon. Marché signé le 02/02/ 1727, quittance donné 10 mois plus tard.
Dans le prolongement de ceux-ci, le 1 Avril 1731 un nouveau marché est passé cette fois avec Jean-Baptiste Le Corre de Pontivy qui signe « Dupont » pour compléter la nef centrale par des tableaux représentant six miracles de saint Cornély et également la nef sud dédiée à la confrérie du Rosaire.
Le 14 Octobre 1731 Jean-Baptiste Le Corre signe un dernier marché pour la voûte nord occupée par la confrérie du Saint-Sacrement, en dix tableaux représentant des épisodes de la vie du Christ. Si Le Corre se charge des six derniers tableaux, les quatre premiers seront réalisés par un peintre anonyme. Ces tableaux illustrent les grands événements de la vie de Jésus : Le Baptême du Christ, le sermon sur la montagne « les Béatitudes », la Cène dernier repas de Jésus avec ses disciples, la communion des Apôtres, les Noces de Cana, le Lavement des pieds.

Nef gauche
Grand retable commandé par la confrérie du Saint-Sacrement réalisé par Guillaume GRAVAY, architecte et sculpteur en 1710. Au sommet, une imposante statue de la Sainte Trinité et dans les niches latérales, deux grandes statues de saint Pierre et saint Paul, « colonnes de l’église » sous un dais à la Bernin. Le tableau central de 1713 attribué à un chartreux d’Auray le frère Joseph : un Ostensoir, adoré par deux anges y rayonne, entouré d’une couronne d’angelots.
Sur le côté retable de 1670 dédié à St. Isidore représenté en costume de paysan breton. Colonnade noire, plan rectiligne.
Autres statues : saint Louis et saint Léon. Le tableau central, 1792 : l’Ascension, de Pierre -Laurent Antoine, peintre de Rennes.
Dans cette même nef notons le confessionnal : Création du concile de trente
Puis les fonds baptismaux de 1684. Peintures murales de Botherelle 1690 sur les murs : scènes de l’enfance de Jésus, la Nativité, l’Adoration des mages, la présentation au temple, Jésus parmi les docteurs de la Loi.
Au-dessus dans le lambris : peintures représentant les anges musiciens.

Nef Principale
Sur le côté
Buste reliquaire de saint Cornély, bois doré, 1819, 19e siècle, inscrit MH. Entouré d’une grille basse de 1819.
La chaire à prêcher datant de 1783, beau travail de ferronnerie dû à Eustache Roussin (Josselin), classée MH. Deux ans auparavant cet artisan avait réalisé une chaire sensiblement identique pour l’église Notre Dame du Roncier.
Orgues : au fond, la tribune prend appui sur deux colonnes corinthiennes en faux marbre. Le garde-corps est constitué de balustre sur lesquelles court une guirlande de feuillages. Le grand orgue de 1775 est installé en ce lieu en 1872. Buffet positif, en faux marbre et dorure, avec tourelles reposant sur des culs de lampes ornés d’angelots et couronnées par des trophées d’instruments encadrant un ange musicien.
Le grand orgue comporte trois tourelles avec décor de têtes de vieillards. Ces tourelles ont perdu leur couronnement faute de place en hauteur. Vases et guirlandes du sommet ont été placés sur le linteau de la porte sud de la nef.

Nef Sud
Grand retable dédié au Rosaire (pour les membres de la confrérie) de 1710 réalisé par Olivier Gravay.
Tableau de la donation du Rosaire de 1713 attribué à Frère Joseph avec les divers mystères du Rosaire en médaillons.
Sur le côté, retable dit « de Jean-Baptiste », réalisé par Olivier Martinet 1656 avec en son centre une descente de croix, inspirée de Rubens de 1730 par un auteur inconnu.
La voûte se divise en deux programmes distincts :
Une partie dédiée aux épisodes de la vie de saint Jean Baptiste en six tableaux par un peintre anonyme.
Puis dans le prolongement les épisodes dédiés aux mystères du rosaire pour se terminer par le couronnement de la vierge. OEuvre de Jean-Baptiste Le Corre.
Seul le dernier tableau (voûte sud mais côté nord) est exclu de la narration puisqu’il s’agit des « donateurs du rosaire ».

Les Vitraux
Appartiennent à deux campagnes : A l’est (choeur et faux transept), une série de six vitraux (1850-1860) en pleine vitre, non datés, qui retracent la vie de saint Corneille.
Verrières de la nef : plus tardives. Deux vitraux (se faisant face) de types archéologiques signés Meuret -Lemoine à Nantes 1878 offerts par la famille de Wolbock-Chatillon ; l’’un représente saint Cado, l’autre saint Charles de Blois, ce vitrail comporte les armoiries du pape Urbain II, Eudes de Chatillon qui prêcha la première croisade.
Les autres verrières, signées Laumonnier de Vannes ,1892, reprennent la vie de saint Corneille.

Remerciements à Jean-Jacques Bougot : ses recherches et son travail sur de nombreuses années ont permis de mieux connaître l’histoire de l’église Saint-Cornély et tous ceux qui y ont pris part, religieux, personnages historiques, artisans et artistes, donateurs petits et grands.

Association Balades Interclochers